Aujourd'hui il ne reste que l'entreprise Jean Roze car la manufacture le Manach vient de fermer ses portes.
Façade de la manufacture Le Manach |
La disparition de Le Manach a été un choc. Mais elle est due
pour beaucoup à de mauvaises décisions ou décisions beaucoup trop tardives et
non à la fin d’un marché économique ou la fermeture de débouchés commerciaux. C’est
sans doute ce qui nous afflige le plus. Car derrière cette fermeture, la perte
est bien supérieure à la seule fermeture d’une entreprise de 10 personnes.
C’est la perte des compétences de ces ouvriers d’exception, c’est la perte de
la connaissance, c’est la perte d’un patrimoine remarquable et unique en France
à jamais détruit.*
Mardi 9 décembre 2009, se tenait salle Drouot une
première vente d'étoffes anciennes provenant des collections de la Maison Le
Manach. Tours, Cité de la Soie était présente, bien sûr, décidée à ne pas
laisser partir des documents intéressants, ayant leur place en Touraine.
Ces mots de
la dernière gazette se trouvent aujourd'hui vérifiés. Sortis de leur sac
plastique, dépliés, insérés entre des feuilles de papier de soie, repliés et
rangés dans des cantines métalliques, les étoffes acquises ont trouvé leur
place dans la collection de Tours, Cité de la Soie, en attendant d'être
exposées avec fierté et montrées à nos adhérents et aux Tourangeaux. L'association
a été capable de constituer un ensemble cohérent d’environ soixante pièces et fera
tout son possible pour s’en servir judicieusement.
Lampas - détail |
Avant de
les revoir en un lieu qui reste à définir, ces étoffes n'en n'ont pas moins été
étudiées avant de prendre place dans leur nouveau rangement. Après avoir
photographiés « sous toutes les coutures » ces 62 tissus issus de 11
lots, ces documents ont été intégrés à notre inventaire**.
détail d'un voile de calice |
Sans se
lancer dans une analyse systématique, je peux vous présenter les grandes lignes
des étoffes acquises. Par chance la grande majorité est en très bon état de
conservation, des plis peu marqués et des couleurs vives. Bien sûr, certaines
étoffes ont été utilisées, exposées ou stockées dans des endroits où la lumière
a provoqué des décolorations, voire de petites taches, mais cela reste minime
et ne gène aucunement la lisibilité des tissus les plus touchés. Certains
présentent aussi quelques déchirures et/ou ont été rapiécés, mais encore rien
de catastrophique. Parmi tous les lots, on remarque une grande quantité de
lampas, puis de damas et divers façonnés. On note également le lot 61,
constitué de 30 voiles de calice.
Détail d'un voile de calice |
La largeur moyenne des tissus est souvent 48cm, signature de
la fabrique tourangelle. 2 pièces font 80cm : elles sont expertisées comme
provenant de Gêne, ville dont la soierie tourangelle est originaire. Leur longueur varie entre 50 et 200cm. La plupart de ces étoffes sont anciennes et
datent des XVIIème et XVIIIème siècles, on peut en préciser la date ou la période, grâce au motif. Ainsi nous
avons une majorité d’étoffes de style Louis XIV (majorité), Régence, Louis XV.
Lors de cette vente TCS a recherché essentiellement à
acquérir des étoffes anciennes identifiées comme ayant été fabriquées à Tours.
C’est le cas de la majorité des lots. Mais l’intérêt se portait également sur les
lots qui présentaient des caractéristiques techniques intéressantes. Cela est
évident pour le lot 141 qui est un chiné à la branche, méthode d’impression sur
chaîne, d'origine lyonnaise. Le lot 61 également, les voiles de calice, apporte
ce même intérêt par la grande variété des tissus utilisés.
* les étapes de la fermeture de la manufacture Le Manach seront étudiées dans un article ultérieur)
** cf rubrique "collections"
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